Madjiguène Samba, Femme chauffeur à UNOWAS et alors !

Madjiguène Samba

Madjiguène Samba

8 déc 2018

Madjiguène Samba, Femme chauffeur à UNOWAS et alors !

S’imposer en tant que femme dans un secteur de métier traditionnellement réservé aux hommes, n’est pas une chose aisée, particulièrement en Afrique. Mais Madjiguène Samba a su avec obstination et sérénité tordre le coup à cette réalité, souvent entretenue par la gente masculine.

«J’aime conduire », lance-t-elle avec un sourire qui ne quitte pratiquement jamais ses lèvres. C’est en 2007 qu’elle a commencé à exercer le métier de chauffeur. Elle faisait partie des 10 premières femmes chauffeur de taxi de toute l’Afrique de l’Ouest. « Au début, tout le monde était surpris de me voir au volant d’un taxi. Ce n’était pas un métier qui laissait place aux femmes. Surtout en Afrique. »

En effet, les préjugés aidant, d’aucuns n’auraient pu parier que cette quadragénaire, mariée pouvait être un chauffeur de taxi ‘jaune et noir » dans une ville comme Dakar. 

De cette expérience, Madjiguène a acquis une bonne connaissance de Dakar et une bonne maitrise de la circulation urbaine. C’est ce qui lui a permis d’être recrutée par UNOWAS, tout d’abord comme contractuelle en 2015 et ensuite de façon permanente en 2016, après des tests compétitifs en conduite et en mécanique.

Madjiguène est la seule femme chauffeur de tout le système des Nations Unies au Sénégal

Avec une détermination à peine dissimulée, Madjiguène a su s’imposer dans ce monde qui est généralement la chasse gardée des hommes. Aujourd’hui, elle a trouvé sa place parmi l’équipe de chauffeurs que compte UNOWAS.  Mieux encore, Madjiguène est la seule femme chauffeur de tout le système des Nations Unies au Sénégal. « J’ai été bien accueillie à mon arrivée et je me sens en famille avec mes collègues » dit-elle.

Désormais, femme chauffeur professionnelle parmi ses collègues hommes, cette femme qui rêvait d’être une grande femme d’affaires, exerce son travail avec fierté et sans complexe : « Même si c’est mon métier, et j’en suis fière, je ne me considère pas seulement comme chauffeur. J’aime interagir avec mes collègues au bureau et avec les collègues de passage que je conduis durant leur mission à Dakar », confie Madjiguene. 

Comme un acte de reconnaissance et de confiance, Madjiguene est désignée par le bureau chauffeur de la Secrétaire générale Adjointe des Nations Unies, Mme Amina Mohamed lors de sa visite à Dakar en 2017, Madjiguene se souvient comme si c’était hier du jour où elle a accueilli dans son véhicule blindé des Nations Unies, le numéro deux de l’Organisation des Nations Unies. Un moment d’émotion et de plaisir que Madjiguene n’est pas près d’oublier. « Mme Mohamed était vraiment surprise et contente de me voir, elle a dit que c’était la première fois qu’elle se faisait conduire par une femme », raconte Madjiguene avec une certaine fierté, tout en reconnaissant l’importance de la confiance placée en elle par ses chefs pour conduire ce genre de mission, pas souvent facile.

Si Madjiguene aime conduire, elle aime aussi son rôle d’épouse. Elle s’épanouit pleinement dans ce qu’elle fait et arrive à concilier son travail et son rôle d’épouse : « Après le travail, je rentre tranquillement chez moi pour une bonne gestion de mon ménage » nous confie-t-elle. Et, d’ajouter : « je remercie le Bon Dieu de m’avoir donné un mari compréhensif » ! Eh oui, comme ses collègues hommes, Madjiguène est souvent appelée à travailler de nuit ou à terminer à des heures indues selon les missions qui lui sont confiées. 

Madjiguène, chauffeur professionnelle, est aussi un bel exemple de progrès réalisé par UNOWAS dans le cadre de l’objectif de la parité pour 2021 initié par le Secrétaire général des Nations Unies.
« Que nous soyons homme ou femme, je reste convaincue que nous pouvons parfaitement réussir dans tous les métiers, du moment que nous avons les qualités et les compétences requises pour la fonction » conclut Madjiguène avec un sourire malicieux.