Maria do Rosário Lopes Pereira Gonçalves: «Engagée pour servir»

Maria do Rosário Lopes Pereira Gonçalves, Présidente de la Commission Nationale des Elections (CNE) du Cap Vert

Maria do Rosário Lopes Pereira Gonçalves, Présidente de la Commission Nationale des Elections (CNE) du Cap Vert

22 déc 2017

Maria do Rosário Lopes Pereira Gonçalves: «Engagée pour servir»

Maria do Rosário Lopes Pereira Gonçalves  ne cherchait pas  à  gravir les hautes sphères de l’administration judiciaire de son pays, le Cap Vert.  Elle voulait simplement  « être différente des femmes qui faisaient partie de [sa] vie quotidienne »  dans  son île  de Santiago, où les contingences culturelles et sociales, confinent souvent la femme aux seuls rôles d’épouse et de femme d’intérieur.  Maria do Rosário Lopes sera en effet différente. Elle deviendra la deuxième femme présidente de la Commission Nationale des Elections (CNE) du Cap Vert. Au pays de Césaria Evora, les femmes ont de la voix, mais aussi de la conviction. Et Maria Rosario le sait très bien.

Les études transforment les individus et cassent des barrières, mais elles permettent aussi d’opérer des changements positifs  pour les générations futurs

Quatrième d’une fratrie de sept enfants (quatre filles et trois garçons), elle fréquente successivement, avec brio, les écoles élémentaire de Morro Branco, Municipalité de Santa Cruz, intérieur de l’île de Santiago/Pedra Badejo ; l’école secondaire Cónego Jacinto, ville de Praia, île de Santiago ; et enfin la Faculté de Droit, Université de Lisbonne, Portugal, en 2005. L’éducation et la formation ont joué un rôle cruciale dans la carrière de cette jeune femme qui, durant les années d’apprentissage du droit, elle acquit la conviction que non seulement  « les études transforment les individus et cassent des barrières, mais elles permettent aussi d’opérer des changements positifs  pour les générations futurs.

Cette conviction conjuguée à une grande détermination de contribuer au développement de son pays et de ses institutions accompagnera Maria do Rosário tout au long de sa vie professionnelle. Elle sera tour à tour, enseignante de français au lycée Alfredo da Cruz Silva, Professeur d’introduction à l’étude de Droit au centre d’éducation secondaire de Pedra Badejo, Municipalité de Santa Cruz, à l’intérieur de l’île de Santiago, membre stagiaire durant deux ans d’un cabinet d’avocats avant d’être admise comme avocate au Barreau du Cap-Vert, le 23 mars 2007. Quelques mois plus tard, Maria do Rosário est nommée juge dans la ville de São Felipe, île de Fogo, après avoir été la majore du concours national du recrutement des juges de droit.

Pour cette jeune maman, il ne suffit pas d’occuper des positions importantes pour afficher sa réussite, il faut relever les défis pour lesquels on a été choisi. Et le Cap Vert n’en manque pas.

Malgré une stabilité économique et politique, le Cap Vert, a l’instar des autres pays en Afrique de l’Ouest, devra opérer des changements pour consolider le développement et la bonne gouvernance, mais changements seront efficaces seulement sur le long terme et dépendront des  politiques et des investissements forts dans l’éducation et la formation autant que dans la construction et le changement des mentalités. Il est essentiel d’investir dans l’éducation et la formation, en particulier des filles, insiste-t-elle.

Consécration. Mario do Rosário voulait être différente des autres femmes pour mieux les servir et servir son pays. Après un passage  en 2008 à la Cour Civile du Tribunal de première instance de la région de Santa Catarina, sur l’île de Santiago,  la Juge est promue en 2014 au tribunal de première instance de Praia, la capitale du Cap Vert,  où elle restera jusqu’à  mai 2015, avant d’être nommée présidente de la Commission nationale des élections (CNE),  le 07 mai 2015. Est-ce une consécration pour cette femme qui aime l’effort et le travail ?  Ou une tâche complexe et insurmontable pour une femme ?

Il est très difficile de rêver à quelque chose qui ne faisait même pas partie, dans mon enfance, de l’imaginaire


La réponse de Maria de Rosario ne souffre d’aucune ambiguïté. Deux ans après sa nomination, la femme Présidente de la CNE du Cap Vert, a su relever le défi !  

«Il est très difficile de rêver à quelque chose qui ne faisait même pas partie, dans mon enfance, de l’imaginaire », reconnait cette mère de famille, à la suite de son élection. La petite fille de Ponta Achada, Municipalité de Santa Cruz, intérieur de l’île de Santiago/Pedra Badejo, a franchi une autre étape importante de sa vie.
Forte de son expérience et de sa détermination, Maria do Rosário Lopes Pereira Gonçalves et son équipe ont  réussi en l’espace de six mois l’exploit d’organiser  trois  scrutins transparents et pacifiques en 2016 (le 20 mars les législatives, 4 septembre les locales/municipales le et le 2 octobre les présidentielles). Une performance qui permet aujourd’hui de faire figurer son pays au nombre de modèle de démocratie dans la sous-région et même dans le monde.

Ce ne fut pourtant pas une sinécure. « Je suis très résistante à l’adversité. J’essaye de me voir moi-même comme principal responsable pour les choses, bonnes ou mauvaises, qui peuvent arriver. J’essaie aussi de ne pas me plaindre quand les choses ne fonctionnent pas bien. Je suis fidèle en toutes circonstances aux principes, aux valeurs et aux lois »

Désormais, forte de l’expérience accumulée, la présidente de la CNE du Cap Vert entend partager son savoir-faire, et même, son savoir être avec les autres peuples de la sous-région, et même du monde. «J’ai appris, j’ai acquis, certaines connaissances concernant l’organisation et la gestion des élections, mais aussi au niveau relationnel, j’ai réussi à faire des pas significatifs dans la consolidation de mon intelligence émotionnelle. Ce serait un honneur de partager mon expérience. Car, en fin de compte, le plus important est d’apprendre dans la diversité des expériences réussies et moins réussies».

«J’ai parcouru un chemin difficile pour arriver jusqu’à ici, et je crois que j’ai encore du chemin à faire. Et je sais que tout au long du chemin, se trouveront des choses bonnes et moins bonnes.  Et les atteindre ne dépendra que de moi. C’est avec ces quelques mots que Maria do Rosário Lopes Pereira Gonçalves résume la trajectoire de sa vie, entamée une quarantaine d’années plus tôt.

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