« Ensemble, femmes et jeunes, peuvent accomplir beaucoup de choses en matière de consolidation de la paix »

Election communale en Guinée. Photo: DR

Election communales en Guinée. Photo: DR

2 oct 2019

« Ensemble, femmes et jeunes, peuvent accomplir beaucoup de choses en matière de consolidation de la paix »

A l’occasion de la commémoration du dixième anniversaire du Groupe de Travail Femmes, Jeunes, Paix et Sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel (GTFJPS-AOS) qui s’est déroulée du 24 au 25 juin 2019 à Dakar, UNOWAS Magazine est allé à la rencontre des membres du Groupe qui se veut être un outil de coordination pour la mise en œuvre des Résolutions 1325 (2000) et 2250 (2015), et une plateforme inclusive où femmes et jeunes  deviennent des acteurs de  la prévention des conflits et de consolidation de la paix.

Dix ans ! Eh oui, le Groupe de Travail Femmes, jeunes, Paix et Sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel (GTFJPS-AOS) vient d’avoir dix ans d’existence.
D’aucun dirait qu’un dixième anniversaire se célèbre. Les membres du groupe n’ont pas dérogé à cette règle et s’y sont prêtés à cœur joie. C’est dans une ambiance pleine d’émotions que des femmes et jeunes leaders venus de divers pays de la région, membres du GTFJPS-AOS et leurs partenaires ont pris part aux festivités qui se sont étalées sur deux jours.

« Nous venons de loin ! »  dit Mme Lydia Umar, Présidente de Gender Awareness Trust (GAT), de Kaduna au Nigeria, avant d’ajouter « c’est avec beaucoup de joie que nous célébrons cet anniversaire. Le groupe de travail Femmes, Jeunes, Paix et Sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel a beaucoup fait au niveau régional ».
Cet avis est partagé par plusieurs et surtout par Mme Ruby Sandhu-Rojon, Représentante Spéciale Adjointe du Secrétaire Général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel qui a co-présidé la cérémonie officielle de commémoration du dixième anniversaire, avec la Présidente du Conseil Economique Social et Environnemental du Sénégal, Mme Aminata Touré, l’Ambassadeur des Pays-Bas au Sénégal, M. Theo Peters, et M. Mohamed Ndiaye, Représentant Mme Ndèye Saly Diop Dieng, Ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants du Sénégal.

Pour Mme Sandhu-Rojon, le GTFJPS-AOS a apporté une valeur ajoutée importante dans la région. « C’est un résultat dont nous pouvons être fiers. C’est aussi un acquis qu’il faudra sauvegarder, notamment dans un contexte régional qui ne cesse de connaitre des défis aussi complexes les uns que les autres » a-t-elle déclaré lors de la cérémonie officielle.

Une plateforme multi-acteurs pour la consolidation de la paix

Pour la petite histoire, le Groupe de Travail Femmes, Paix et Sécurité en Afrique de l’Ouest a été mis en place le 29 avril 2009. Ce groupe est l’aboutissement d’une série de réunions de réflexion, initiées par le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), entre 2007 et 2009, sur la mise en œuvre de la Résolution 1325 (2000) en Afrique de l’Ouest. La Résolution du Conseil de sécurité 1325 (2000) soulignait l’importance d’une pleine participation active des femmes, à la prévention et au règlement des conflits ainsi qu’à l’édification et au maintien de la paix.

Au départ, le groupe ne couvrait que les pays de l’Afrique de l’Ouest, mais après l’addition de la Stratégie Intégrée des Nations Unies pour le Sahel (SINUS) au mandat du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, aujourd’hui, il inclut le Tchad.

« Le GTFJPS-AOS est une plateforme pour accompagner et coordonner les initiatives des pays pour la mise en œuvre de la Résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité », nous dit M. Gaspard Onokoko, Responsable du Groupe Agora Recherche pour l'éducation aux droits de l'enfant et à la paix et un des premiers hommes à participer aux activités du groupe de travail.

Pour Mme Agathe Telou, Conseillère Genre d’UNOWAS, le GTFJPS-AOS « est un mécanisme de référence en matière de partage d’information, de connaissances, d’expériences, de bonnes pratiques, de leçons apprises, d’analyse, de suivi et d’évaluation des efforts des pays et acteurs pour la mise en œuvre effective des Résolutions 1325 (2000) et suivantes du Conseil de Sécurité dans la région. » Ce groupe a donc le « rôle principal de créer une synergie et une coordination des actions tout en accompagnant ses membres, dans leurs efforts de mobilisation de ressources en vue d’exécuter des activités au niveau national, conformément à leur mandat opérationnel », précise-t-elle.

Quid des jeunes ?

« C’est par la suite que les jeunes ont intégré le groupe de travail, » informe M. Aliou Oumarou, Président du Conseil National de la Jeunesse du Niger et de l’Union Panafricaine de la Jeunesse (UPJ). Et, il continue « vous savez nos pays traversent de graves crises sécuritaires et des problèmes démographiques liés entre autres au manque d’emploi des jeunes. Et les Nations Unies ont compris que lorsque l’on conjugue les efforts des femmes et des jeunes on ne peut qu’atteindre la paix et le développement durables ».

En effet, le groupe a été élargi aux jeunes, après l’adoption de la Résolution 2250 en 2015, qui demande une plus grande implication des jeunes dans toutes les initiatives de paix et de sécurité.

« Avec l’implication des jeunes, il y a un nouveau dynamisme et nous avons apporté une contribution très pertinente », nous dit Mme Sophie Ndiaye, Secrétaire Générale du Conseil National de la Jeunesse du Sénégal (CNJS). Cette position est confortée par Mme Lydia Umar qui donne l’exemple du Nigeria où les « jeunes sont entrain de changer les choses », avant de conclure que « femmes et jeunes, ensemble, peuvent accomplir beaucoup de choses en matière de consolidation de paix ».

Pour sa part, Aliou Oumarou, d’un ton très engagé, précise que « l’avenir est en Afrique et l’Afrique a la chance d’être le continent le plus jeune avec plus de 60 pour cent de sa population qui a moins de 25 ans et c’est un atout que nous allons exploiter dans ce groupe de travail ».

Des réalisations et des défis à relever

La commémoration du dixième anniversaire a aussi été l’occasion pour les membres et surtout pour UNOWAS et ONFEMMES, les deux structures de coordination, de faire un bilan et de formuler des recommandations concrètes qui permettront de réorienter et de booster les activités du groupe. Il convient de relever que le groupe de travail connait un tel succès qu’il est pris en exemple et utilisé dans d’autres régions.

Pour Mme Telou d’UNOWAS, « le GTFJPS-AOS est aujourd’hui représenté dans tous les pays de la région et cela est une grande réalisation pour nous ». Le groupe s’est aussi attelé à renforcer les capacités de ses membres et à développer la coordination et la synergie entre les acteurs « à travers des sessions d’échanges thématiques sur des sujets liés à la paix et la sécurité de la région », dit Mme Agathe Telou.

En outre, le groupe de travail soutient la tenue d’élections inclusives, pacifiques et crédibles grâce à « la participation des femmes et des jeunes dans les processus électoraux à travers la mise en place de mécanismes de veille et de suivi de la violence électorale » a mentionné Mme Diago Ndiaye, Présidente Régionale du Réseau paix et sécurité des femmes de l’espace CEDEAO (REPSFECO). De plus, « le groupe a initié un lobbying pour l’implication des femmes dans les processus de médiation et de négociation de la paix », explique-t-elle.

Mais, pour Mme Ndiaye le Groupe de Travail est confronté à des faiblesses liées principalement à un manque de ressources. « Nous faisons face à un manque de moyens financiers pour l’exécution de nos activités », dit-elle. Même son de cloche pour M. Gaspard Onokoko qui martèle qu’il « faut trouver des stratégies pour mobiliser des ressources ». Et, pour ce qui concerne les jeunes, les avis sont unanimes, « il faudrait les outiller pour qu’ils soient demain les leaders qui doivent porter la prévention, la gestion et la résolution des conflits, de même que la construction de la paix dans le monde ».

C’est avec une certaine satisfaction au vu de tout ce qui a été accompli au sein du GTFJPS-AO, que tous les acteurs se tournent vers l’avenir et se projettent sur les 10 années à venir. « D’ici la prochaine décennie les défis seront relevés dans notre région » lance M. Oumarou, avec un regard plein d’espoir. Et, confiant, il reprend : « l’Afrique a toutes les ressources pour se développer mais la question de l’insécurité vient saper les efforts. C’est pour cette raison que chaque femme, chaque jeune doit être transformé en bombe de développement pour le continent ».

Cet article est publié dans le Magazine UNOWAS N9 -> Téléchargez ici