Au Conseil de sécurité, Le Représentant Spécial Simão appelle à une réponse collective aux défis en Afrique de l’Ouest et au Sahel
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Leonardo Santos Simão, a présenté ce jeudi au Conseil de sécurité des Nations Unies le dernier rapport du Secrétaire général sur les activités du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), couvrant la période du 1er avril au 31 juillet 2025.
Dans son allocution, M. Simão a fait part de sa préoccupation face à la détérioration de la situation sécuritaire dans la sous-région. Il a notamment souligné une recrudescence d’attaques terroristes de grande ampleur et de plus en plus sophistiquées au Mali, au Bénin, au Togo et au Nigéria, impliquant notamment l’usage de drones, de communications cryptées et la collusion avec des réseaux criminels transnationaux. « Alors que la propagation vers les États côtiers est déjà en cours, l’inquiétude porte désormais sur son extension », a-t-il averti. Il a également mis en garde contre le recrutement de jeunes par des groupes extrémistes, et l’impact de cette dynamique sur la cohésion sociale.
La situation humanitaire est critique. Selon les données de l’OCHA, 12,8 millions de personnes sont menacées par l’insécurité alimentaire aiguë, et 2,6 millions d’enfants risquent de souffrir de malnutrition sévère. Or, seulement 14 % du Plan de réponse humanitaire 2025 pour le Sahel est actuellement financé. « Il est urgent d’agir pour sauver des millions de vies », a alerté M. Simão. Il a ajouté que les récentes inondations dans plusieurs pays illustrent la vulnérabilité croissante de la région aux chocs climatiques.
« Face à la menace terroriste, les États membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont mis en place une force de défense conjointe et des structures communes, » a fait savoir M. Simão aux membres du Conseil de Sécurité tout en précisant que des consultations entre la CEDEAO et l’AES ont été engagées pour renforcer la coopération. « J’ai souligné l’importance du dialogue, de la confiance et de la coopération, en proposant systématiquement mes bons offices », a déclaré M. Simão, saluant les efforts du président Julius Maada Bio pour renforcer la sécurité régionale.
Il a également salué la création d’une cellule commune de fusion et d’analyse des menaces entre la CEDEAO et l’Union africaine.
Malgré les défis, M. Simão a mis en lumière des avancées démocratiques dans plusieurs pays. « Nous avons des raisons de célébrer les dividendes démocratiques dans la région », a-t-il affirmé, citant les réformes institutionnelles au Sénégal, l’Accord d’unité nationale en Sierra Leone, et les efforts du Conseil national de paix au Ghana. Il a exprimé son soutien aux élections à venir en Guinée, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau et Mauritanie, tout en appelant à un dialogue constructif au Togo.
Le Représentant spécial a exprimé son inquiétude face à la réduction de l’espace civique et aux violations des droits humains. « Le renforcement des mécanismes nationaux et régionaux pour lutter contre l’impunité est essentiel », a-t-il souligné, saluant la création d’une Cour criminelle de l’Alliance des Etat du Sahel (AES) à Bamako.
Abordant les agendas Femmes, Paix et Sécurité et Jeunes, Paix et Sécurité, M. Simão a noté que tous les pays de la région disposent désormais de Plans d’action nationaux sur la résolution 1325 du Conseil de sécurité. « Mais les femmes restent sous-représentées dans les processus de paix, les partis politiques et les institutions de sécurité », a-t-il regretté. Il a appelé à un appui accru pour opérationnaliser l’équipe d’intervention rapide de femmes médiatrices et renforcer l’inclusion des jeunes dans les processus de paix.
Le Représentant spécial a insisté sur l’importance de l’eau comme vecteur de paix et de développement, tout en réitérant son appel à « finaliser et mettre en œuvre le Plan d’action régional sur l’eau pour le Sahel ».
M. Simão a également souligné l’importance de projets phares initiés dans le cadre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (UNISS), en coopération avec les gouvernements du Burkina Faso, du Mali et du Niger, afin d’aborder les causes profondes de l’instabilité et du conflit.
Le Représentant a conclu son propos en soulignant les progrès de la Commission Mixte Cameroun Nigeria. « Alors que nous avançons vers une stratégie de sortie, cette Commission est un exemple du rôle que peuvent jouer les mécanismes internationaux dans la consolidation de la paix et la coopération régionale », a-t-il affirmé.