Dakar, 20 Juin 2016- Un symposium de haut niveau s’est ouvert, ce 20 juin 2016 à Dakar portant sur « L'exploitation du dividende démographique et le développement en Afrique ». Dans mot d’introduction à cette occasion, Madame Hiroute Guebre Sellassie, la Représentante Adjointe du SG des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), a déclaré qu’il « est vital que la jeunesse devienne un outil majeur de la dynamisation de la vie économique et politique en Afrique » Veuillez trouver ci-dessous l’intégralité de sa déclaration.

« Excellence Monsieur le Président de la République du Sénégal,

M. Macky Sall,

Excellence Monsieur le Président de la République du Gabon, M. Ali Bongo,

Monsieur le Directeur Exécutif d’UNFPA, Dr. Babatunde Osotimehin,

Distingués invités,  Mesdames, Messieurs,

Il est indéniable que le continent africain a connu depuis –au moins deux décennies- des progrès certains dans la plupart de nos pays. 

Une croissance économique, l’émergence d’une classe moyenne dynamique, le développement du secteur privé, le lancement de réformes structurelles, la prise en compte de la perspective genre dans les plans de développements nationaux, l’émergence d’une société civile dynamique, la normalisation des processus électoraux sont quelques-uns des acquis avérés et incontestables. 

Cependant, malgré cette croissance, près de deux personnes sur trois vivent encore avec moins de 2 dollars par jour en Afrique. Beaucoup reste donc à faire pour accélérer la croissance économique.  

Car le constat ne souffre d’aucune ambiguïté :

L’Afrique présente de faibles espérances de vie, un rythme de développement lent et des niveaux élevés de pauvreté et de malnutrition.

Le peu de perspectives qu'ont les adolescents et les jeunes adultes de pouvoir gagner leur vie nourrit également des phénomènes de radicalisation, d’extrémisme violent- et des mouvements migratoires.

Dans un espace où les ressources diminuent et où le taux de fécondité ne baisse pas, il est à craindre que cela puisse aussi devenir un paramètre de déstabilisation et d’insécurité majeur en Afrique.  

37 % des jeunes adultes en Afrique subsaharienne déclarent vouloir émigrer vers un autre pays, essentiellement en raison du manque d'emplois. 

Plus de la moitié des 1,2 milliard d'individus qui peuplent ce continent sont des enfants ou des adolescents. Selon les projections des démographes, le nombre d'habitants en Afrique aura triplé ou quadruplé d’ici la fin de ce siècle.


Si les jeunes, femmes et hommes représentent aujourd’hui la proportion dominante de la population dans tout le continent, il ne reste pas moins que leur accès à l’espace politique et économique continue d’être marginal.

L'Afrique a besoin d'une nouvelle approche pour ralentir sa croissance démographique, et créer suffisamment d’emplois pour soutenir la croissance de sa population en âge de travailler.

Il est urgent d’agir et de garder une cohérence entre le discours politique et les réalités sociales. 

Investir dans le planning familial, l’éducation, la formation, la création d’emploi- pour ne citer que cela- n’est plus une question ou option qui se pose.

C’est une nécessité, une priorité stratégique qui ne peut aboutir qu’à travers un engagement politique- et moral- soutenus des dirigeants africains. 

Il est vital que la jeunesse devienne une question centrale dans les plans de développement nationaux et régionaux et qu’elle devienne un outil majeur de la dynamisation de la vie économique et politique.

 Dans un monde de plus en plus complexe et qui change à une vitesse inouïe, la jeunesse africaine est un partenaire d’une valeur inestimable, capables de proposer des solutions pertinentes et d’apporter une contribution significative  au développement.

Les jeunes constituent le moteur du changement. Il est urgent que l’engagement politique de nos dirigeants pour une participation  active de la jeunesse dans la vie économique et politique soit aussi fort que la tentation de l’eldorado européen ou du paradis djihadiste. 

L'accélération de la croissance économique du au dividende démographique reste une possibilité pour beaucoup de nos nations mais, pour que le processus s’amorce, des politiques volontaristes et responsables intégrant des décisions et investissements stratégiques permettant une réduction de la fécondité, une éducation adéquate de la jeunesse et la création d’emplois doivent être au cœur des actions et plans économiques des dirigeants africains.

Avant de conclure je souhaiterais féliciter les organisateurs de ce symposium car des initiatives, comme celle qui nous réunit aujourd’hui, sont indispensables à l’articulation de plans d’actions  à la hauteur des défis qui guettent le continent.

  Je vous remercie pour votre aimable attention ».

Madame Hiroute Guebre Sellassie,
Représentante Adjointe du SG des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS)