Les femmes, actrices incontournables dans la prévention des conflits

Cercles de Paix avec des femmes maliennes dans le camp des refugiés au Burkina Faso. Photo Wildaf-Mali.

Cercles de Paix avec des femmes maliennes dans le camp des refugiés au Burkina Faso. Photo Wildaf-Mali.

1 oct 2019

Les femmes, actrices incontournables dans la prévention des conflits

Les femmes représentent plus de la moitié de la population dans le monde. Elles ont toujours été parties prenantes dans la recherche de solutions aux différents conflits qui sévissent dans de nombreuses sociétés. Désormais, le développement des nations ne peut se faire sans l’implication effective des femmes, notamment dans la prévention et la gestion des conflits, les processus de prise de décisions, de développement et de paix.

La Résolution 1325 (2000) adoptée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU), le 31 octobre 2000, a été la première à souligner le fait que « les femmes comptent pour la paix ».  Dans cette Résolution, le Conseil de Sécurité reconnait clairement le rôle essentiel que jouent les femmes pour faire avancer la paix, la sécurité, le développement et les droits de la personne humaine. Aussi engage-t-elle le Secrétaire général à appliquer son plan d’action stratégique prévoyant une participation accrue des femmes à la prise des décisions concernant le règlement des conflits et les processus de paix, en nommant plus de femmes parmi les représentants et envoyés spéciaux chargés de missions de bons offices en son nom.

La Résolution 1325 (2000) demande instamment aux États de faire en sorte que les femmes soient davantage représentées à tous les niveaux des processus de prise de décisions dans les institutions et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits. Elle demande aussi d’intégrer, entre autres, la dimension genre dans toutes les politiques, programmes, y compris le désarmement, la démobilisation et la réintégration. La Résolution 1325 met également l’accent sur la responsabilité de tous les États à mettre fin à l’impunité et de poursuivre en justice ceux qui sont accusés de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, y compris toutes les formes de violence sexiste et autre à l'égard des femmes et des filles. Elle souligne aussi la nécessité d’exclure si possible ces crimes du bénéfice des mesures d’amnistie.

Toutes les parties à un conflit armé sont chargées par la Résolution 1325 (2000) à prendre des mesures particulières pour protéger les femmes et les filles contre les actes de violence sexiste, en particulier le viol et les autres formes de sévices sexuels, ainsi que contre toutes les autres formes de violence dans les situations de conflit armé, à respecter le caractère civil et humanitaire des camps et installations de réfugiés et à tenir compte des besoins particuliers des femmes et des filles.

Pour rappel, la Résolution 1325 (2000) traite donc spécifiquement de l'impact de la guerre sur les femmes, de la contribution des femmes aux conflits et à la paix durable. Elle a été complétée, au fil des années, par les huit Résolutions suivantes relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité ; à savoir : 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010), 2106 (2013), 2122 (2013), 2242 (2015), 2467 (2019) ; ainsi que les Résolutions 2250 (2015) et 2419 (2108) sur les jeunes, la paix et la sécurité.

Le Genre au centre des défis sécuritaires

La région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel a connu une augmentation de conflits armés au cours des dernières années notamment au Libéria, en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire, en Guinée Bissau, au Mali, au Nigéria (Delta) et au Sénégal (Casamance). En plus des crises sécuritaires et institutionnelles aux dimensions régionales très souvent liées à l’expansion de l’extrémisme violent conduisant au terrorisme comme dans le cas de plusieurs pays du Sahel et du Bassin du Lac Tchad, il convient d'ajouter les différends liés aux processus électoraux (cas de la Guinée, du Benin, du Togo, de la Mauritanie, etc.) aux conséquences déstabilisatrices y compris des transitions interminables et les nouvelles menaces à la stabilité de la sous-région (la piraterie et la criminalité transnationale organisée y compris le trafic de drogue) et qui exigent plus d’action des Etats avec une contribution efficace de la société civile singulièrement des jeunes et des femmes.

Ceci nécessite l’inclusion systématique des femmes dans la prévention et la résolution des conflits, la médiation, la négociation et la reconstruction post-conflits ainsi que la prise en compte du genre dans la réforme du secteur de sécurité. L’intégration du genre dans les programmes et processus de paix est aussi un aspect important à prendre en compte ; de même que l’adoption et la mise en œuvre de politiques, lois et mesures en faveur de l’autonomisation des femmes et de l’égalité hommes-femmes, conformément aux instruments légaux internationaux et régionaux existants.

Dans un contexte aussi complexe que difficile, UNOWAS, s’emploie activement à veiller à la mise en œuvre des différentes Résolutions, mais aussi à davantage encourager les gouvernements de ls sous-région à faciliter l’intervention des femmes dans les processus de prises de décisions politiques.

UNOWAS soutient l’intégration du genre dans les initiatives de paix de la région

Dans l’exercice de son mandat, UNOWAS joue un rôle important pour la promotion de l’intégration du genre dans les initiatives de prévention et de gestion des conflits dans la région à travers la mise en œuvre de la Résolution 1325 (2000) et des huit Résolutions suivantes relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité ainsi que les Résolutions 2250 (2015) et 2419 (2108) sur les jeunes, la paix et la sécurité.

UNOWAS développe des stratégies ciblées afin de mettre en œuvre la Résolution en matière de Genre, Femme, Paix et Sécurité. Il se base essentiellement sur les instruments et politiques régionaux parmi lesquels : la Charte Africaine de la Démocratie, des Élections et de la Gouvernance ; le Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux Droits des Femmes ; la Charte Africaine de la Jeunesse ; le Cadre de Prevention des Conflits de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et sa composante Femmes, Paix et Sécurité ; le Cadre de la CEDEAO sur Genre et Elections et son plan d’action ; le Plan de prévention et de stabilisation de la Région du Lac Tchad ; et la Stratégie intégrée des Nations-Unies pour le Sahel (SINUS).

Pour une meilleure promotion de l’intégration du genre dans les initiatives de prévention et de gestion des conflits dans la région, UNOWAS a développé un partenariat étroit avec les organisations régionales, en l’occurrence, la CEDEAO, l’Union du Fleuve Mano, le G5 Sahel,  et les agences des Nations Unies ONU Femmes, le Fonds des Nations-Unies pour la Population (FNUAP), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Haut-Commissariat des Droits de l’Homme (HCDH) et d’autres parties prenantes pour la mise en œuvre des Résolutions du Conseil de Sécurité.

UNOWAS accompagne ainsi les organisations régionales et les pays dans l’adoption d'un plan d'action pour la mise en œuvre des Résolutions 1325 (2000) et suivantes du Conseil de Sécurité des Nations Unies. À ce jour, la CEDEAO est à son deuxième plan régional ; quatorze des seize pays d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO plus la Mauritanie), ont adopté un plan d'action national sur la Résolution 1325 (2000) ; seuls le Cabo Verde et la Mauritanie n’ont pas encore adopté un, mais, le processus est en cours.

Dans le but de créer une synergie d’action et apporter une réponse au besoin en matière de coordination, de suivi et d’évaluation des initiatives des acteurs dans la région, UNOWAS et ses partenaires ont, en avril 2009, mis en place le Groupe de Travail sur les Femmes, les Jeunes, la Paix et la Sécurité en Afrique de l'Ouest et au Sahel. Un plaidoyer est d’ailleurs en cours en vue de l’implication effective des femmes et des jeunes formés dans les structures formelles de médiation. Le plaidoyer s’étend aussi en faveur de lois établissant la parité ou le quota pour la participation des femmes à des postes électifs ou nominatifs. Il faut noter que plus de 60 % des pays couverts par UNOWAS ont adopté une loi favorisant l'inclusion des femmes dans les instances de prise de décision.

Par ailleurs, UNOWAS a mis en place un dialogue régional annuel, connu sous la dénomination de « Journées Portes Ouvertes », avec les femmes et les jeunes leaders de la région pour faire le point de la mise en œuvre des Résolutions du Conseil de Sécurité et échanger sur les défis à relever et les synergies nécessaires.
UNOWAS assure, en outre, le soutien de la participation des femmes et des jeunes dans les processus électoraux à travers la mise en place de mécanismes de veille et suivi de la violence électorale, qui ont joué un rôle dans les élections au Benin (2019) , en Côte d'Ivoire (2015), au Ghana (2015), en Guinée (2013 & 2015), en Guinée-Bissau (2014) , au Mali (2013), en Mauritanie (2019), au Nigeria (2019), au Sénégal (2019), en Sierra Leone (2018) et au Togo (2015 & 2019).

Enfin, UNOWAS contribue à l’intégration du genre dans la mise en œuvre de la SINUS et appuie les projets relatifs au genre.  Pour ce faire, UNOWAS a facilité la mise en place de la plateforme des femmes du G5 Sahel et assure son accompagnement au travers de l’établissement d’un partenariat avec l’UA, le G5 Sahel et ONU Femmes.

UNOWAS, comme l’ensemble des autres acteurs, se prépare pour la commémoration en 2020, du 20ème anniversaire de la Résolution 1325 (2000), des 5 ans des Objectifs de Développement Durables (ODD) et de Beijing +25. Dans cette perspective, des efforts sont en cours pour constituer les données et informations utiles sur les réalisations en Afrique de l’Ouest et au sahel et renouveler les engagements pour une plus grande participation des femmes et des jeunes.

Cet article est publié dans le Magazine UNOWAS N9 -> Téléchargez ici