Observateur national, un engagement citoyen pour des élections pacifiques

Cellule d’observation des acteurs de la société civile, le jour de l’élection présidentielle au Sénégal, le 24 février 2019. Photo: UNOWAS SCPIO

Cellule d’observation des acteurs de la société civile, le jour de l’élection présidentielle au Sénégal, le 24 février 2019. Photo: UNOWAS SCPIO

18 juil 2019

Observateur national, un engagement citoyen pour des élections pacifiques

Certains citoyens sénégalais, ne se sont pas seulement contentés de voter lors de l’élection présidentielle du 24 février. Ils ont tenu à porter la casquette d’observateur pour participer à l’organisation d’une élection pacifique, contribuant ainsi à la consolidation de la démocratie au Sénégal.

Le 24 février, jour de l’élection présidentielle au Sénégal, les rues de Dakar sont calmes. Une atmosphère bon enfant règne aux alentours des centres de vote qui se transforment spontanément en des lieux de retrouvailles pour des voisins et des amis qui ne se sont pas vus depuis longtemps. Des groupes se forment, et on discute du scrutin et d’autres sujets. Dans les bouches, la question centrale revient sans cesse : « as-tu déjà voté ? ».

En mi-journée, de longues files se forment au gré des arrivées devant les bureaux de vote du centre des HLM 6. Dans un des bureaux, deux jeunes hommes, Moussa Sy et Birima Ngom, habillés de gilet gris clair s’introduisent et demandent à rencontrer le président. Après les salutations, ils présentent leur carte d’accréditation délivrée par le Ministère de l’Intérieur avant de s’enquérir du déroulement du vote et des dispositions qui ont été prises pour permettre aux citoyens de voter dans les conditions requises.

4 100 observateurs sénégalais

Moussa Sy et Birima Ngom, sont de jeunes volontaires du programme Sunu Election (notre élection). Ils font partie des 4 100 observateurs sénégalais déployés sur toute l’étendue du territoire par la société civile pour s’assurer de la transparence, de la crédibilité des élections et de la participation citoyenne. Pour cela, les deux volontaires feront le tour d’un certain nombre de bureaux de vote afin de répertorier toutes sortes d’informations sur le déroulement du processus, qu’ils transmettront ensuite au service technique de la cellule de veille électorale chargée de compiler et de traiter les premières données du terrain qui permettent d’avoir une indication sur la qualité du déroulement du vote.

Au Sénégal, la société civile s’est fortement impliquée dans le processus électoral à travers son rôle d’observateur, de sensibilisateur et de facilitateur. C’est ainsi que plusieurs actions citoyennes ont été initiées. Ces activités vont de la sensibilisation pour une participation de tous au vote, à l’observation électorale et à la facilitation en vue de corriger certains dysfonctionnements liés au processus.  

Dans une salle d’un hôtel de la place, un groupe de femmes et de jeunes analysent les données reçues du terrain. Nous sommes dans la cellule de veille électorale du Groupe de travail Femmes, Jeunes, Paix et Sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel mise en place grâce à l’appui financier du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) et ONU FEMMES. Le groupe de travail a déployé 50 observateurs sur le territoire national qui ont visité 971 bureaux de vote avec l’objectif de collecter en particulier des informations sur la participation des femmes.

Juste à côté, une autre pièce beaucoup plus grande grouille de monde, elle abrite la cellule de veille du programme Sunu Election, en partenariat avec l’Institut Gorée qui a la charge de faire le suivi des violences électorales et le programme Sénégal Vote, chargé de faire la veille sur les réseaux sociaux. Malgré le va et vient des observateurs internationaux notamment la CEDEAO, l’Union Européenne, qui viennent s’enquérir des dernières informations sur le déroulement du vote, Une ambiance de travail sereine règne dans cette salle.

Engagement massif des jeunes

« Pour moi, voter est un acte citoyen et participer à une telle initiative de la société civile qui favorise des élections participatives et pacifiques est tout aussi important, » dit M. Albert Kaly, un jeune volontaire. Assis devant son ordinateur, M. Kaly enregistre minutieusement les informations reçues, par téléphone, du terrain sur la plateforme utilisée pour traiter les données reçues des quelques 2 000 observateurs déployés sur toute l’étendue du territoire sénégalais par le programme Sunu Election. Ils sont 25 jeunes, comme M. Kaly à être affectés à la composante technique de la structure de veille électorale.

Ces données collectées et traitées sont ensuite envoyées à cellule politique constituée de personnalités et de leaders de la société civile. Après une analyse beaucoup plus poussée, les membres de la cellule politique signalent aux autorités les dysfonctionnements décelés pour une correction rapide. C’est ainsi qu’ils ont pu alerter sur le problème des électeurs qui n’arrivaient pas à trouver leur nom sur les listes électorales.

L’objectif de Sunu Election est que les sénégalais puissent se familiariser aux différentes procédures du processus électoral 

Le programme Sunu Election a été mis en place par le collectif des Organisation de la Société Civile pour les Elections (COSCE) et la Plateforme des Acteurs Non Etatiques. « L’objectif du programme Sunu Election est de créer les conditions pour que les sénégalais puissent se familiariser aux différentes procédures du processus électoral. Et, les inciter à exprimer leur volonté tout en veillant à ce que le scrutin se tienne de manière transparente et apaisée », souligne M. Ndiaga Sylla, responsable Elections du programme. « C’est pour cette raison qu’à travers la campagne Sama baat (ma voix), nous avons déployé des observateurs à long terme, depuis 3 mois, qui ont contribué au retrait massif des cartes d’électeur », explique M. Sylla.

Des initiatives similaires pour une mobilisation massive et de qualité ont été menées par d’autres structures. Senegal Vote par exemple a tenu à jouer sa partition sur les réseaux sociaux. « Sur notre plateforme Senegal Vote, nous avons une cartographie qui renseigne sur les centres et bureaux de vote, un guide de l’électeur et une vitrine pour les candidats qui ont voulu partager les différents axes de leurs programmes » confie Mme Jaly Badiane, Coordinatrice de l’initiative. « C’est une façon d’informer le citoyen sur le contenu des différents programmes des candidats et d’éveiller les consciences sur un des enjeux majeurs de la citoyenneté qu’est le vote », ajoute-t-elle.

Toutes ces initiatives ont participé d’une façon ou d’une autre à renforcer la démocratie au Sénégal à travers la mobilisation des citoyens pour des élections pacifiques et participatives.