UNOWAS E-Magazine NUMERO 4: L’appropriation nationale est nécessaire pour la réussite de la réforme du secteur de la sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel (Juillet 2017)

L’appropriation nationale est nécessaire pour la réussite de la réforme du secteur de la sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel

Depuis quelques décennies, les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel ont entrepris des réformes aussi importantes que salutaires pour améliorer le rendement de leurs institutions politiques et économiques.

Malgré la persistance d’une multitude de défis, des avancées notables ont été réalisées. Les élections successives qui se sont déroulées pacifiquement dans la sous-région ont permis l’avènement de nouvelles alternances politiques. De même que les différentes réformes lancées ou en cours d’initiation, notamment celle qui concerne le secteur de la sécurité,  ont permis d’améliorer la gouvernance et ont favorisé l’émergence d’un espace économiquement dynamique,  et politiquement plus démocratique et stable.

En effet, beaucoup de pays dans la région ont engagé des reformes de leur institutions de sécurité afin de les rendre plus professionnelles, efficaces et responsables. Par ailleurs, ces réformes visaient à instituer une justice accessible et impartiale, afin de jeter les bases de la paix et du développement durable. La réforme du secteur de la sécurité devait aussi répondre aux attentes des populations en quête de protection et de justice face aux abus institutionnels ou individuels issus de pratiques autoritaires et non conformes aux principes de droits.

Les diverses expériences de réformes du secteur de la sécurité dans les pays de l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, comme ailleurs dans le monde, sont marquées par des contingences historiques et politiques qui influencent les processus de réforme.

Chaque Etat se dote de son système sécurité avec ses acteurs, et défini les menaces auxquelles ils doivent faire face et ce pour répondre aux attentes des populations.  Parmi les menaces les plus communes dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, on compte  la criminalité transnationale organisée, les trafics illicites des drogues, le trafic des personnes, le terrorisme, la piraterie et le banditisme en mer et sur terre. Toutes ces menaces compromettent la sécurité et la sureté des individus dans la région et font obstacle aux initiatives individuelles économiques, les efforts de développement et à la stabilité des Etats.

Il est crucial de souligner le rôle important des organisations de la société civile dans un processus de réforme car leur participation garantie la représentativité et l’inclusion tout en contribuant au renforcement du contrôle de la gouvernance du secteur de la sécurité.

Mais au-delà de la nécessité de réformer le secteur de la sécurité, il est vital que les États et les populations jouent un rôle moteur dans les processus de réformes. Sans un engagement des différents acteurs étatiques et non étatiques nationaux et régionaux, et une volonté politique des autorités nationales, les plans et programmes établis pour initier la réforme du secteur de la sécurité n’aboutiront pas.

Avec l’aide des partenaires régionaux et internationaux, mais surtout avec un engagement politique fort, des pays de la région ont pu lancer la réforme de leur secteur de la sécurité et réaliser des avancées extraordinaires.

L’expérience de la Sierra Léone est significative et illustre bien l’importance du leadership et de l’appropriation nationale du processus de la réforme du secteur de sécurité qui a permis -à elle seule- de consolider la paix. Sans aucun doute, l’expérience Sierra Léonaise est un modèle à suivre par les autres pays engagés dans le même type de réforme.

Des pays majeurs comme le Liberia, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Burkina, le Mali ou la Gambie- pour ne citer que ces pays ont initié des processus de réforme de leur secteur de la sécurité déterminants pour leur stabilité et celle de la région.

La réforme du secteur de la sécurité reste centrale pour la stabilité et le développement. Nous devons-acteurs nationaux, régionaux et internationaux- continuer à soutenir les pays de la région dans leur entreprise de réforme du secteur de la sécurité pour permettre aux populations d’accéder à l’état de droit et à la prospérité.
C’est le sens de l’engagement régional d’UNOWAS à travers son appui au Cadre de la CEDEAO sur la réforme du secteur de la sécurité et la gouvernance, et à travers son soutien continu pour le renforcement du leadership et de l’appropriation nationale des réformes.

Mme. Hiroute Guebre Sellassie
Représentante Adjointe du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.