UNOWAS promeut la participation des femmes aux processus de paix

Manifestations de militants anti-esclavagistes à Nouakchott, en Mauritanie. Photo: REUTERS

Manifestations de militants anti-esclavagistes à Nouakchott, en Mauritanie. Photo: REUTERS

28 oct 2020

UNOWAS promeut la participation des femmes aux processus de paix

Dans la sous-région, UNOWAS reste mobilisé pour soutenir la mise en œuvre effective de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité, dont nous célébrons le 20éme anniversaire le 31 Octobre.

Il y a vingt ans la communauté internationale, à travers le Conseil de Sécurité de l’ONU, prenait une ferme positon en adoptant une Résolution qui appelle au respect des droits fondamentaux des femmes, à leur protection contre les violences, et à leur participation dans les processus de paix. C’est la naissance de la Résolution 1325.

Soucieuse de l’appropriation par les Etats de l’application de la Résolution 1325, cette dernière demande instamment aux États à ce que les femmes soient davantage représentées à tous les niveaux de prise de décisions dans les institutions et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux pour la prévention, la gestion et le règlement des différends. Elle demande aussi d’intégrer, entre autres, la dimension genre dans tous les programmes, y compris le désarmement, la démobilisation et la réintégration. La 1325 met également l’accent sur la responsabilité de tous les États à mettre fin à l’impunité et de poursuivre en justice ceux qui sont accusés de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, y compris toutes les formes de violence sexiste et autre à l’égard des femmes et des filles.

Au fil des années, la Résolution 1325 a été complétée par les huit Résolutions suivantes relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité ; à savoir : 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010), 2106 (2013), 2122 (2013), 2242 (2015), 2467 (2019) ; ainsi que les résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018) sur les jeunes, la paix et la sécurité.

Depuis 20 ans, les appels pour une plus grande participation des femmes aux processus de cessez-le-feu et de paix se multiplient

Un plaidoyer continu

Depuis 20 ans, les appels pour une plus grande participation des femmes aux processus de cessez-le-feu et de paix se multiplient. Tout dernièrement, au regard de la pandémie de la COVID-19 et de ses effets, le Département des Affaires Politiques et de la Consolidation de la Paix (DPPA) et ONU Femmes ont publié le 03 aout 2020 une note de synthèse intitulée « COVID-19 et conflit : faire progresser la participation significative des femmes aux processus de cessez-le-feu et de paix ». Cette note reconnait que la pleine participation des femmes est essentielle pour une réponse efficace à la pandémie de la COVID-19 et également dans l’avancement des processus de paix.

A travers ce document, les deux structures onusiennes rappellent que « Les femmes ont un droit fondamental et un intérêt à participer à la prise de décision qui les concerne et l’avenir de leur pays ». La note précise aussi que « l’engagement des femmes dans les processus de paix présente des avantages substantiels. Leur participation directe peut contribuer à changer la dynamique et à élargir les questions en discussion, ce qui augmente la probabilité de s’attaquer aux causes profondes du conflit et de renforcer l’adhésion de la communauté au processus et aux résultats ».

La note fournit également une analyse préliminaire de l’impact du COVID-19 sur la participation des femmes aux cessez-le-feu et aux processus de paix et propose une série de recommandations.

Priorité à l’inclusion et à la protection des femmes

En Afrique de l’Ouest et au Sahel les conflits armés se sont accrus. En plus de l’extrémisme violent conduisant au terrorisme comme dans le cas de plusieurs pays, les crises liées aux élections comme en Guinée et Côte d’Ivoire, le changement climatique, la piraterie et la criminalité transnationale organisée, sont autant de menaces à la sécurité et à la stabilité de la sous-région qui exigent une action coordonnée de la part des Etats qui implique la participation des jeunes et des femmes.

Cette année, la pandémie de la COVID-19 s’est ajoutée aux nombreux défis auxquels la sous-région fait face. Elle a mis à l’épreuve les acteurs politiques et économiques. Elle a également accentué les inégalités entre les sexes et menace de saper les droits de l’homme.

UNOWAS s’emploie quotidiennement à veiller à la mise en œuvre des différentes Résolutions

UNOWAS s’emploie quotidiennement à veiller à la mise en œuvre des différentes Résolutions, mais aussi à davantage encourager les gouvernements de la sous-région à faciliter l’intervention des femmes dans les processus de prises de décisions politiques.

A travers un partenariat étroit avec les organisations régionales, comme, la CEDEAO, l’Union du Fleuve Mano, le G5 Sahel,  et les agences des Nations Unies ONU Femmes, le Fonds des Nations-Unies pour la Population (FNUAP), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Haut-Commissariat des Droits de l’Homme (HCDH) et d’autres parties prenantes pour la mise en œuvre des Résolutions du Conseil de Sécurité, UNOWAS promeut l’inclusion systématique des femmes dans la prévention et la résolution des conflits, la médiation, la négociation et la reconstruction post-conflits ainsi que la prise en compte du genre dans la réforme du secteur de sécurité. Elle encourage l’intégration du genre dans les programmes et processus de paix, de même que l’adoption et la mise en œuvre de politiques, lois et mesures en faveur de l’autonomisation des femmes et de l’égalité hommes-femmes, conformément aux instruments légaux internationaux et régionaux existants.

Lors de sa participation, le 8 octobre 2020, à la réunion ministérielle de la CEDEAO sur la violence sexuelle basée sur le genre et les droits des femmes et des filles dans le cadre de la pandémie de la COVID-19, le Représentant Spécial pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas, a réitéré l’engagement continu des Nations Unies, en partenariat avec la CEDEAO, à donner la priorité à la protection et à la promotion des droits et libertés des femmes et des filles dans la sous-région.

Depuis l’adoption de la 1325, nous avons fait des progrès significatifs dans la compréhension et la résolution des défis auxquels les femmes sont confrontées

Encore du chemin à parcourir

« Depuis l’adoption de la 1325, nous avons fait des progrès significatifs dans la compréhension et la résolution des défis auxquels les femmes sont confrontées pour parvenir à une participation pleine et égale à la prévention des conflits, au règlement des conflits, à la consolidation de la paix et au maintien de la paix », a dit Mme Rosemary A. DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, lors de son intervention le 2 octobre 2020 devant la Commission pour la Consolidation de la paix. « Les contributions des femmes à la paix et à la sécurité sont encore souvent hors du cadre des efforts officiels et trop souvent sous-évaluées », a-t-elle ajouté.

Faisant écho au constat fait par Mme DiCarlo, Mohamed Ibn Chambas, a rappelé lors de son intervention à la réunion ministérielle de la CEDEAO sur la violence sexuelle basée sur le genre et les droits des femmes et des filles « qu’ensemble, nous devons travailler pour investir dans l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, non seulement en tant que fins en soi, mais en tant que moyen essentiel d’atteindre notre objectif primordial de prévention des conflits et de consolidation de la paix et de la prospérité dans la région »

Malgré un effort international soutenu pour la mise en œuvre de la Résolution 1325, les femmes sont toujours largement exclues des négociations de paix et le niveau de violences sur les femmes reste encore élevé. La participation des femmes aux processus de négociations et de consolidation de la paix ainsi qu’aux processus de justice transitionnelle, de reconstruction et de développement, reste trop faible.

En effet, le nouvel Indice des normes sociales relatif à l’égalité des sexes publié le 5 mars 2020 par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)  révèle que, malgré des décennies de progrès pour combler l’écart entre les hommes et les femmes en matière d’égalité, près de 90 % des hommes et des femmes nourrissent au moins un préjugé envers les femmes. La même étude souligne également que moins de 24 % des sièges parlementaires dans le monde sont occupés par des femmes et il n’existe que 10 femmes chefs de gouvernement sur 193, alors que les hommes et les femmes votent dans les mêmes proportions.
A la veille du vingtième anniversaire de la Résolution 1325, des efforts sont encore nécessaires pour faciliter la pleine participation des femmes dans les processus de paix, et la construction d’un monde meilleur.

Cet article est publié dans le Magazine UNOWAS N12 -> Téléchargez ici