RSS : L’expérience de la Sierra Leone, un modèle à suivre en Afrique de l’Ouest et au-delà

A Freetown, quelques jours avant les élections présidentielles du 11 août 2007, un policier utilise une affiche pour montrer à une femme comment voter correctement. Grace aux forces de sécurité, la Sierra Leone a organisé en 2007 une élection sans violence après 11 années de guerre civile. Crédit : IRIN

A Freetown, quelques jours avant les élections présidentielles du 11 août 2007, un policier utilise une affiche pour montrer à une femme comment voter correctement. Grace aux forces de sécurité, la Sierra Leone a organisé en 2007 une élection sans violence après 11 années de guerre civile. Crédit : IRIN

18 aoû 2017

RSS : L’expérience de la Sierra Leone, un modèle à suivre en Afrique de l’Ouest et au-delà

A l’issue de 11 années d’une guerre civile dévastatrice, la Sierra Leone, avec l’appui de la communauté internationale, a entrepris avec détermination de réformer le secteur de  la sécurité comme étant la composante cruciale de la construction d’une nation. Aujourd’hui, l’expérience de la Sierra Leone n’est pas simplement un accomplissement national majeur mais aussi un modèle éclatant que les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel devraient suivre.

Suite à 11 horribles années de guerre civile ayant abouti entre autre, à la désintégration du secteur de la sécurité,  la Sierra Leone s’est lancée dans son premier programme RSS qui a été mis en œuvre par le Royaume-Uni, en appui à la mission de maintien de la paix des Nations Unies. Le premier objectif du Royaume-Uni était de maintenir l’ordre dans les réformes consécutives aux élections générales de 1996. Le développement dramatique du conflit, marqué par l’enlèvement de Casques bleus des Nations Unies et la menace rebelle sur Freetown en 2000, a donné lieu au déploiement de forces britanniques pour aider à mettre fin à l’insécurité croissante. Suite à cette intervention, le Royaume-Uni a accru son engagement dans la RSS en Sierra Leone et amorcé un programme d’information intensif à l’intention des forces armées de Sierra Leone ainsi qu’un renforcement des institutions de tout le secteur de la justice et du ministère de la Défense. Mais si l’implication internationale et du Royaume-Uni reste importante dans le pays, le secteur de la sécurité fonctionne de manière indépendante depuis la fin du mandat des derniers Casques bleus des Nations Unies à la fin de l’année 2005.

Une success story. Le succès de la RSS en Sierra Leone après la guerre a émané du programme DDR qui a donné lieu au désarmement des combattants et de membres de communautés. Selon le Réseau mondial de facilitation de la réforme du secteur de la sécurité (GFN-SSR)1, un total de 72 490 combattants ont été désarmés et 71 043 démobilisés, et 63 545 anciens combattants ont participé au processus de réintégration, dont 6 845 enfants soldats. Les taux de participation au programme DDR ont été élevés ouvrant ainsi la voie au succès du processus RSS.

En 2007, pour la première fois en deux décennies, la Sierra Leone a organisé une élection nationale généralement pacifique sans assistance internationale au maintien de la paix. Le succès de cette élection a recueilli les félicitations des observateurs d’élections internationales qui l’ont jugée libre, équitable et crédible. Plus important, ces élections ont été organisées par et pour les Sierra Léonais qui ont exercé leur droit de vote dans un environnement généralement ordonné, grâce aux forces de sécurité.

L’expérience de la Sierra Leone montre à quel point le fait de donner un espace politique et professionnel à des personnes déterminées et capables de mener de telles activités peut réaliser des prodiges dans des circonstances difficiles

Le fait que la Sierra Leone ait organisé cette élection généralement sans violence, cinq ans seulement après la fin de 11 années de guerre civile, représente un accomplissement remarquable. La capacité des citoyens de Sierra Leone d’exercer leur franchise démocratique est également due à l’amélioration de la sécurité des personnes découlant de l’important soutien des Nations Unies et du Royaume-Uni. Mais la clé de cette transformation sécuritaire est et continue d’être le leadership des autorités sierra léonaises qui soutiennent depuis longtemps la réforme du secteur de la sécurité. Ce qui s’est produit en Sierra Leone n’était pas une simple réforme du secteur de la sécurité mais une transformation globale des objectifs de la dispense de sécurité, de la mission, de la gestion et de la coordination de la sécurité.

La transformation globale des structures de sécurité en Sierra Leone au cours des 10 dernières années s’est étendue à toutes les institutions. Elle a touché profondément les institutions internes et externes, modifié les structures de commandement, offert une formation du sommet à la base et établi des politiques de dotation, des procédures. Elle a créé des organismes chargés de coordonner les informations sur la sécurité et a facilité la circulation de l’information dans les deux sens depuis le niveau des communautés jusqu’au Président. Elle a également touché les Sierra Léonais qui avaient vécu une violence horrible du fait de leurs propres forces de sécurité pendant la guerre et commencé la tâche difficile d’inverser la suspicion du public à l’égard des forces de sécurité et d’impliquer les citoyens dans leur propre sécurité.

Un autre développement clé de cette phase a porté sur la production d’une stratégie sécuritaire et son rattachement aux objectifs de développement pour la Sierra Leone. En termes pratiques, cela s’est manifesté dans l’achèvement du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP), partiellement corrélatif, et des processus de révision du secteur de la sécurité, déjà inscrits dans l’ancien Premier pilier qui promeut la bonne gouvernance, la paix et la sécurité.

Impact. L’impact de la réforme du secteur de la sécurité ne peut pas être sous-estimé. Premièrement, il a apporté une clarté conceptuelle nécessaire aux institutions associées ou contribuant au système sécuritaire, institutions concernées par la définition de ce que signifiait la sécurité pour la Sierra Leone. Deuxièmement, l’Office of National Security (ONS), créé en 1999, comme mécanisme de coordination des contributions des institutions de sécurité fiables, est arrivé à maturation durant cette phase et devenu l’une des institutions de sécurité les plus capables et les plus fiables du pays. Troisièmement, le fait que la RSS a été intégré dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) a aligné la sécurité sur le développement à un niveau sans précédent en Sierra Leone.

La RSS est un projet politique qui requiert un engagement à long terme des acteurs nationaux et internationaux. Il s’agit d’un véritable défi. L’effort nécessite des réserves infinies de patience et de persévérance. L’expérience de la Sierra Leone montre à quel point le fait de donner un espace politique et professionnel à des personnes déterminées et capables de mener de telles activités peut réaliser des prodiges dans des circonstances difficiles.

1 - Security Sector Transformation in Sierra Leone 1997–2007, Birmingham: DFID/GFN-SSR.

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