Le Programme Alimentaire Mondial renforce la résilience des communautés du Sahel

Au Tchad (province de Batha), Khalime Abderrasaoul arrose des semis à la pépinière de Zobo. Au premier semestre 2019, la pépinière a fourni quelque 250 000 plants d'arbres à 20 villages qui plantent des forêts. PAM / Maria Gallar.

Au Tchad (province de Batha), Khalime Abderrasaoul arrose des semis à la pépinière de Zobo. Au premier semestre 2019, la pépinière a fourni quelque 250 000 plants d'arbres à 20 villages qui plantent des forêts. PAM / Maria Gallar.

2 mar 2020

Le Programme Alimentaire Mondial renforce la résilience des communautés du Sahel

200 familles ont reçu des équipements et des formations pour le démarrage d’un jardin potager et permettre ainsi l’approvisionnement de la cantine scolaire et un meilleur accès des familles à des aliments nutritifs et variés.

Le Bureau régional du Programme Alimentaire Mondial pour l’Afrique de l'Ouest et du Centre (PAM RBD) met à l’échelle son paquet intégré de résilience en appui aux pays du G5 Sahel.

Des niveaux élevés d’insécurité alimentaire, un accès limité et inégal aux services de base, des marchés mal intégrés, des chocs climatiques récurrents et une insécurité accrue constituent la réalité quotidienne des populations des pays du G5 Sahel.

En réponse à ces défis complexes et dans le cadre de sa contribution à la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (UNISS), le PAM a mené des interventions dans les cinq pays du G5 Sahel.

Dès la mi-2018, le PAM a atteint 1,3 million de personnes dans 1 400 villages grâce à un paquet intégré d’activités de résilience dans les 5 pays, en collaboration avec plus de 70 partenaires dont des institutions gouvernementales et neuf universités du Sahel impliquées dans la planification, le soutien technique, le suivi ainsi que des systèmes d'évaluation.

En début d’année 2019, le PAM a lancé un programme intégré de renforcement de la résilience visant à la création d’actifs communautaires, la restauration des écosystèmes dégradés, la promotion de l’éducation, l’amélioration de la nutrition et la création d’emplois pour les jeunes.

Prévu sur cinq ans (2019-2023), le programme permettra à plus de deux millions de personnes de bénéficier d'un paquet intégré minimum de trois à cinq activités de résilience tel que l’aide alimentaire et financière pour la création d’actifs, les cantines scolaires, l’aide nutritionnelle, le soutien aux petits exploitants agricoles et le renforcement de capacités. Toutes ces activités sont organisées et séquencées selon le contexte et les priorités locales, tels qu’identifiés dans l’approche à trois niveaux (3PA). L’approche 3PA consiste en une programmation et planification multiniveaux (nationale, régionale et locale) pour appuyer la conception, la planification et la mise en œuvre des programmes de renforcement de la résilience, de mise en place de filets de protection sociale, de réduction des risques de catastrophe et préparation aux urgences. Elle repose sur l’analyse du contexte, la participation des plus vulnérables et la création de partenariats.

Le PAM, en partenariat avec d'autres institutions des Nations Unies, des partenaires nationaux et régionaux, a joué un rôle moteur en coordonnant et contribuant à des réalisations concrètes grâce à un paquet intégré d’activités de résilience sur des sites particuliers dans les cinq pays du G5 Sahel

Le PAM, en partenariat avec d'autres institutions des Nations Unies, des partenaires nationaux et régionaux, a joué un rôle moteur en coordonnant et contribuant à des réalisations concrètes grâce à un paquet intégré d’activités de résilience sur des sites particuliers dans les cinq pays du G5 Sahel. Les exemples suivants mettent en lumière quelques résultats obtenus sur ces sites :

Au Burkina Faso, le PAM travaille avec le gouvernement pour renforcer la cohésion sociale et améliorer l'accès à la nourriture par la création d'actifs sur le site de Bissighin (Centre Nord). 1 160 membres de la communauté ont participé à ces activités et réhabilité au total 85 hectares de terres, pour 55 tonnes de rendement attendu.

2 000 kg de gombo et de niébé ont été produits, générant un revenu estimé de 850 USD, ce qui renforce les moyens de subsistance et la diversification des repas des ménages.

Plus de 100 déplacés internes sont actuellement hébergés à Bissighin, et la communauté a mis à disposition 20 hectares de terres réhabilitées pour les familles déplacées. Grâce à la récolte de leurs terres, les familles devraient avoir des stocks alimentaires pendant 6 mois pour couvrir leurs besoins.

Au Tchad, dans le village de Chaouir (région de Guera), le PAM a concentré ses efforts sur le renforcement de la capacité de jardinage, notamment grâce à l'installation d'une pompe à eau solaire à haute capacité. Cela a permis d’augmenter la production agricole et d’introduire le maraichage à l'école et des activités de résilience au niveau des ménages.

200 familles ont reçu des équipements et des formations pour le démarrage d’un jardin potager et permettre ainsi l’approvisionnement de la cantine scolaire et un meilleur accès des familles à des aliments nutritifs et variés.

Depuis 2018, le jardin a été étendu à 4 hectares, et produit actuellement près de 30 variétés de légumes, représentant au moins 24 tonnes de légumes frais et plus de 10 tonnes de céréales (principalement du sorgho et du mil) par année. Cela contribue à diversifier les régimes alimentaires locaux et à remédier aux larges carences en micronutriments.

Au Mali, dans la commune rurale de Sio (région de Mopti), le PAM a mis en œuvre un paquet intégré d’activités de renforcement de la résilience, incluant la réhabilitation et la création d'actifs importants, des activités spécifiques et sensibles à la nutrition et le soutien aux petites exploitations agricoles et l'accès aux marchés.

Ces réalisations du PAM ont réellement été cruciales et ont contribué à l'amélioration de la condition de vie de milliers de personnes à Sio : la réhabilitation d'un pont principal qui a rétabli l'accès physique des villageois aux rizières, aux centres de santé, aux écoles et aux marchés voisins ; par ailleurs, la restauration d'un étang de 3 hectares a permis l'accès à l'eau douce toute l'année, pour différentes utilisations telles que le jardinage irrigué, l'abreuvement du bétail et des animaux, la pêche et la fabrication de briques. L’usine laitière réhabilitée et équipée a amélioré la qualité et la quantité de produits laitiers, tout en soutenant et en fournissant des emplois locaux à environ 150 ménages, y compris des jeunes et des femmes.

Sur le site de Gvava (région d'Assaba) en Mauritanie, le PAM a travaillé avec la communauté et les partenaires pour une action intégrant la nutrition, l'éducation et les moyens de subsistance.

Ces interventions ont amélioré la gestion de l'eau et des sols : environ 130 femmes et hommes ont participé à l'achèvement d'une digue pour la rétention des eaux pluviales permettant la disponibilité en eau pour les cultures et le bétail et améliorant la production sur une trentaine d'hectares avec un rendement estimé de 15 tonnes de sorgho. Les interventions ont également contribué à améliorer le comportement nutritionnel et les activités de sensibilisation du centre de nutrition communautaire, où une cinquantaine de femmes enceintes et de mères ont bénéficié de séances mensuelles et appris les bonnes pratiques d'alimentation maternelle et infantile, d’hygiène, de santé et de nutrition.

Au Niger, à Wacha (région de Zinder), le PAM avec les institutions basées à Rome (RBA), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et le gouvernement ont mis en œuvre une approche résilience intégrée, multisectorielle et communautaire.

Les activités ont directement bénéficié à 385 ménages (2 680 bénéficiaires), grâce à un accès accru et durable à l'eau par la réhabilitation de 16 étangs, permettant de restaurer 204 hectares de terres. Les interventions conjointes ont aidé à améliorer également la productivité grâce à l'irrigation pour le jardinage et la production en période d’hivernage sur plus de 30 hectares, et améliorer l’appropriation communautaire et la cohésion sociale : en 2018, 50 pour cent des légumes produits ont servi à la consommation et 50 pour cent au financement d’activités d'intérêt communautaire. La communauté a ensuite mis sur pied des mécanismes de solidarité et une banque de céréales.

Les actions présentées montrent que la transformation de la situation des communautés est vraiment possible au Sahel. Pour atteindre des résultats, la participation communautaire et des partenariats opérationnels à travers une bonne coordination ont été essentiels pour tirer parti d’actions complémentaires et aider les pays du G5 Sahel à améliorer les conditions de vie des communautés. Dans le cadre de son engagement dans la mise en œuvre d’UNISS, le PAM avec les agences des Nations Unies, les institutions gouvernementales des pays du G5, les ONG et les autres partenaires ont redoublé d'efforts pour soutenir le développement agricole, les moyens de subsistance, la nutrition, l’éducation, le soutien aux petits exploitants agricoles, le renforcement des capacités et la protection sociale.

Cet article est publié dans le Magazine UNOWAS N10 -> Téléchargez ici